Le dernier des 194 pensionnats indiens à faire l’objet d’une commémoration fut celui de « Pointe-Bleue » (Mashteuiatsh) au Lac-Saint-Jean, le 14 juillet 2017. J’y étais, avec mon fils de 12 ans et ma mère de 78 ans que j’ai pratiquement « traînée » avec moi parce que je voulais « qu’elle sache »…
À la cérémonie d’ouverture, la foule ne comportait essentiellement que des autochtones et des gens apparentés. Parmi les dignitaires, aucun allochtone ni député, tant fédéral que provincial (c’est pourtant la circonscription de Philippe Couillard). Un mot transmis par le premier ministre Trudeau fut lu devant l’assemblée, qui souhaitait la bienvenue à tous…
L’histoire telle qu’on ne nous l’a pas racontée
Après cette cérémonie touchante à bien des points de vue, le programme annonçait une conférence sur l’histoire des Premières Nations. Le conférencier a commencé par évoquer, cartes à l’appui, le recul du glacier sur le nord du continent qui a produit, à partir de 10 000 ans avant aujourd’hui, l’expansion du territoire habitable, notamment le Québec que nous connaissons.
Les populations indigènes habitant le sud et l’ouest du continent ont progressivement occupé le territoire toujours plus vers le nord. Nous trouvons les premiers artéfacts de groupes humains sur le territoire actuel du Québec au Lac Mégantic, environ 8500 ans avant aujourd’hui. Et ainsi de suite pour quelques autres sites d’importance et leur rattachement aux diverses nations. Ce grand détour par l’histoire du territoire physique visait à renforcer chez les autochtones leur conviction d’avoir occupé l’ensemble du territoire bien avant l’arrivée des premiers Européens.
Christian Coocoo, qui a fait des recherches pendant plus de 20 ans, a interrogé une multitude d’aînés dans les communautés. Ceux-ci lui ont raconté des éléments de la tradition orale qui, selon lui, se trouvent réhabilités par les recherches scientifiques, notamment l’existence du glacier et la toponymie des lieux.
Une visite déconcertante
Avant de nous rendre au fameux pensionnat – aujourd’hui, l’école secondaire Kassinu Mamu (« tout le monde ensemble ») – qui a accueilli des enfants de plusieurs réserves entre 1960 et 1991, nous avons pris le temps de regarder l’exposition de photos. Parmi nous, plusieurs « survivantes et survivants » se reconnaissaient avec des émotions bien visibles.
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