Et si on se mettait à leur place ?

Il existe en psychologie du gros bon sens, l’adage suivant « pour comprendre les autres, essayez de vous mettre à leur place ». C’est un conseil que j’ai hérité depuis ma tendre enfance. Mais j’ai besoin sans cesse de m’en rappeler lorsque je suis confronté à des opinions différentes, surtout lorsque celles-ci sont renforcées par des émotions fortes.

Se mettre à la place des autres, c’est changer de perspective, d’angle de vue. Les Bouddhistes affirment que nous n’avons pas accès à « la » vérité, mais que chacun possède un point de vue valable sur celle-ci, d’où l’importance de la chercher ensemble, dans le débat d’idées, le partage d’expériences, l’écoute véritable.

Je te découvre, tu me ressembles
Ce slogan est un exemple inspirant pour apprendre à être en relation vraie

Écouter en vérité, voilà un autre défi important. Je vais tenter de donner un exemple qui me vient de mon travail actuel, mais je suis certain que vous pourrez trouver d’autres exemples dans votre propre vie.

Malgré la baisse phénoménale de la pratique religieuse chez les catholiques du Québec, les équipes pastorales qui travaillent en paroisse reçoivent encore de nombreuses demandes pour célébrer des sacrements, notamment le baptême, mais également la communion, la confirmation, même le mariage ! Les gens qui se présentent ne fréquentent plus l’Église depuis longtemps, sauf à l’occasion de fêtes spéciales comme… des baptêmes dans leur famille, parfois une messe de Noël, rarement plus. Ils aimeraient bien réserver la date de leur fête par téléphone, ne pas avoir à rencontrer de curé et se présenter avec leurs invités au moment convenu. Mais cette rencontre est souvent incontournable et devient une véritable opportunité de dialogue.

Quand on les écoute bien, les demandeurs continuent de trouver important d’offrir à leurs enfants le « bagage génétique » de leur religion qu’ils ont eux-mêmes reçu de leurs parents.

Ils continuent à dire qu’ils croient, mais comme c’est une affaire personnelle, certains approfondissent un peu, une grande majorité garde tout ça secret: « c’est privé ». Lorsqu’ils sont invités à expliquer leurs motivations à demander un sacrement, ils se trouvent souvent sans mot, ont l’impression de n’être pas bien compétents pour dire les « pourquoi » de leur geste. Ils se sentent souvent jugés parce que, en apparence, ils ne correspondent pas aux standards de la religion en ne participant plus aux offices publics et que, souvent, ils ne font appel à Dieu que quand ça va mal ou lorsqu’ils ont besoin, en dernier recours, de l’aide du ciel.

Les intervenants pastoraux croient profondément aux gestes qu’ils vont poser dans une célébration chrétienne. Le symbolisme qui y est présent est rempli de sens et ils ne veulent rien en perdre tellement tout semble important et riche. Devant les demandeurs qu’ils jugent parfois ignares de la foi et sans doute aussi parfois « pas vraiment des croyants », ils sont écartelés par leur désir d’accueillir inconditionnellement et de résister à une braderie, une « vente à rabais » de leur service liturgique. La plupart du temps, le désir de ne pas déplaire passe au-dessus des scrupules et ils finissent par faire ce qu’on leur demande. Mais on peut comprendre qu’au moment de célébrer un baptême, « devant cette foule dissipée, peu encline à entrer dans le mystère », ils éprouvent un malaise, peut-être même parfois un certains mépris qui, au final, se tourne contre eux-mêmes, n’ayant pas été en mesure d’assurer la plénitude du sens que leur rôle leur commandait. Généralement, ils finissent par encenser les valeurs humaines des demandeurs: « quand on gratte un peu, on se rend compte que ce sont de bonnes personnes et que la foi n’est pas si loin ». C’est bon pour la conscience…

Vous le voyez, nous avons deux réalités très différentes qui se confrontent. Il n’y a pas vraiment d’issue. Si les intervenants pastoraux se montrent un peu plus fermes, les demandeurs se fâchent contre l’Église et alors « on ne les reverra plus ». Si les intervenants pastoraux réduisent leurs exigences à presque rien, ils ont le sentiment de faire de la religion à rabais, une religion sur mesure, à la limite un Dieu à l’image des humains plutôt que l’inverse…

Commencer par se mettre à la place de l’autre est un point de départ qui peut rendre le dialogue possible. On peut chercher à comprendre la position des curés et des agents de pastorale qui sont dépositaires d’une responsabilité au sein d’une Église souvent perçue comme rétrograde. Ce jugement ne correspond pas à leur sentiment profond, car ils ne se sentent pas eux-mêmes « arriérés ». Au contraire, la foi qui les anime est toujours neuve et leur donne de la vie. La relation qu’ils entretiennent avec Jésus est actuelle et inspirante pour leur vie personnelle. Ils voudraient seulement pouvoir transmettre ce feu qui les anime, mais en face d’eux, ils ont le plus souvent des gens qui souhaitent « le produit » (un baptême, par exemple) sans « la morale » qui vient souvent avec l’appartenance religieuse, et encore moins des rencontres de préparation !

Le dialogue pastoral est une approche où chacun est invité à entrer dans une zone intérieure de confiance en l’autre.

Se mettre à la place de l’autre pour comprendre, c’est chercher ensemble à faire un bout de chemin l’un vers l’autre. Parfois, lorsque le dialogue est bien réel, des demandeurs finissent par admettre qu’ils ne veulent que la fête liturgique et pas tout ce qui vient « en petits caractères ». Certains intervenants pastoraux ont parfois l’intuition qu’une fête non sacramentelle (une fête de la vie) qui ressemble à un baptême sans la dimension sacramentelle, peut répondre au besoin des demandeurs. Ainsi, on ne fera pas de vente à rabais du sacrement et les demandeurs auront quand même une belle fête pour leur enfant. Plus tard, si la relation avec la communauté finit par s’épanouir autrement, si la découverte d’un Jésus toujours actuel vient bouleverser la vie de ces gens, peut-être feront-il un autre pas vers l’Église. Mais au moins ils auront été accueillis dans la vérité de leur être…

Oui, se mettre à la place de l’autre, c’est encore un bon conseil que nous pourrions prodiguer à nos amis et à nos enfants…


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Comments

3 réponses à “Et si on se mettait à leur place ?”

  1. Avatar de Denis Vallée

    C’est vraiment intéressant comme idée. L’équipe pastorale dont je fais partie tend vers cet accueil, cette compréhension et cette personnalisation du cheminement. Ce n’est pas facile, ça demande du temps et des ressources mais c’est tout à fait passionnant et je suis convaincu que ça va porter des fruits au fil du temps.

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  2. Avatar de stephan
    stephan

    oui c vrait le therme celebration de la vie pourait me convenir. je suis presentement en demarche pour fait batiser mon enfant de 2 mois je ne vais pas a leglise a tout les dimanche et rarement a noel comme jocelyn le mentionne mais ce nes pas pour cela que dieux, ces recit et ces consigne si je peut dire cela ne prenne pas place dans ma vie.
    je le fait batiser pour qui aiye un parain une maraine officielle ,
    je croit fermement que je suis proteger par un ange gardien et cela avanc que je commence a croire en dieu a ma facon le batheme c<est pour qui recoive un ange comme moi meme si plus tard il ne croit pas meme si dieux pour lui c pour le vieux, je croit qui va recevoir un ange comme moi g recut

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  3. Avatar de Mylène
    Mylène

    Très bon article Jocelyn. Tu exprimes très bien la réalité profonde des deux réalités qui n’arrivent pas à se rencontrer. Je crois vraiment que le dialogue pastoral peut faire la différence, mais il faudra vouloir y mettre temps et énergie. Je ne veux pas oublier de me mettre à la place de l’autre, c’est ce qui me permettra d’être auditrice de la Parole qui vit aussi chez l’autre.

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