L’Ukraine et le mystère de Dieu

Photo de Eugene Liashchevskyi provenant de Pexels

Je me suis surpris cette semaine à reprendre ma belle-maman, qui vit avec nous, au sujet d’un bris de mobilier. Celle-ci, en son âge vénérable, se cassait la tête à ce propos à n’en point dormir. J’ai fini par lui dire que ce n’était qu’un fauteuil, que ça se répare et que c’est bien moins grave que des bombes qui nous tomberaient dessus!

C’est comme si je l’avais soudainement saisie au point où elle a changé radicalement de ton. «Tu as raison, me dit-elle, il faut remercier Dieu parce que nous sommes épargnés.»

Cette affirmation m’a percuté sur la manière dont nous concevons la Providence et les raisons de notre gratitude. J’ai repris mon aînée – une femme parmi les plus pieuses que l’on puisse trouver – avec mon air le plus indigné: «Qui sommes-nous pour que Dieu nous épargne et pas les Ukrainiens? Comment Dieu peut-il être si injuste?» Sa seule réponse fut tout aussi tranchée: «C’est un mystère qui appartient à Dieu.»

Ainsi, en renvoyant à Dieu seul la conception qu’on se fait de lui, on réglerait le problème de cette croyance qui, aujourd’hui, fait réellement problème en cette génération, à preuve ce joueur de hockey montréalais évacué de Marioupol, qui, à Tout le monde en parle, disait ne pas pouvoir ressentir de joie pour son propre sauvetage quand tant d’autres ne parviennent pas à fuir cette tragédie.

Dans un monde qui aspire à la liberté et à l’autotranscendance, il va de soi que l’image de Dieu que l’on véhicule peut tout autant nous servir que nous embarrasser.

Embarrassante, cette image devrait l’être pour nous, privilégiés de cette planète, à qui il arrive si souvent de nous sentir bénis en contemplant tout ce que nous possédons: le nécessaire, l’utile et le luxe. Mais également de rendre grâce pour les conditions de notre existence: une société permettant la liberté de choix et d’expression, un accès étendu aux ressources, à l’alimentation, à l’eau, à des habitations adaptées au climat, à des emplois variés et à la facilité d’en changer sans conséquences, à la sécurité et aux relations la plupart du temps non conflictuelles. Nous prenons part à ce monde qui a tout, mais qui se plaint aussi de tout, même pour un meuble dont le petit moteur électrique ne parvient plus à faire se lever nos jambes lorsqu’on s’y assied.

Dieu, engagé dans cette guerre

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Comments

2 réponses à “L’Ukraine et le mystère de Dieu”

  1. Avatar de mvilleneuve2021gmailcom

    Excellente réflexion!

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  2. Avatar de Gérard Laverdure
    Gérard Laverdure

    Très juste cette réflexion! Et je prie pour la Russie aussi et ses dirigeants, Poutine en premier. Lui aussi un fils d’Abraham dirait Jésus. Je pense a Etty Hillesum qui refusait d’Haïti les nazis… même en étant témoin de près de toutes leurs horreurs.

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