Découvrons-nous d’un fil*

« En avril, ne te découvre pas d’un fil! » Cet adage, nous l’avons entendu depuis si longtemps que nous le répétons de génération en génération. Bien sûr, lorsque le mercure s’approche du point de congélation et qu’un petit air humide s’amène, nous apprécions demeurer au chaud sous nos vêtements adaptés, autrement c’est risqué…

Il est vrai que le vêtement a un rôle utilitaire. S’il convient à la décence, il est essentiel pour nous protéger, que ce soit du soleil accablant des pays chauds, surtout près des déserts, ou comme chez nous lorsque l’hiver se pointe. Mais plus encore, le vêtement, quand nous avons la liberté de le choisir et de le porter au moment approprié, dit quelque chose de nous-même avant même d’ouvrir la bouche. Henri Michaux, écrivain, disait que « le vêtement est une conception de soi qu’on porte sur soi ». Cette manière de voir marque la différence entre ce que nous sommes et l’image que nous dégageons qui se veut prolongement d’un aspect de soi.

Quand il nous est enlevé de force, cela exprime une forme de négation de l’identité et surtout une perte de liberté. En effet, les esclaves, les prisonniers, les aliénés sont dans une situation où on leur impose des vêtements qui expriment le jugement de la société tandis que faire perdre ses vêtements à une personne lui retire sa dignité, son identité. La nudité forcée (prostitution, torture, viol) est un signe d’humiliation qui témoigne de l’inégalité dans les rapports sociaux.

girl-1741936_960_720Dans la Bible, le vêtement a aussi plusieurs sens symboliques. Bien sûr on se rappelle du vêtement de la noce qu’il vaut mieux porter si l’on veut y demeurer (cf. Matthieu 22)! On a vu aussi un grand-prêtre déchirer son vêtement pour exprimer à quel point son être est horrifié par le comportement ou les paroles d’un autre, puissent-elles venir du Fils de Dieu lui-même (cf. Matthieu 26, 65).

Pour les chrétiens, le vêtement qui parle le plus est peut-être celui que nous avons porté à notre baptême. Le vêtement blanc nous rappelle la destination de notre vie qu’est la résurrection, à l’image du Christ glorieux tel que perçu notamment lors de la Transfiguration.

Revêtir le Christ

En avril, plutôt que de demeurer bien attaché à ses vieux vêtements, il est peut-être temps de s’en départir, à l’invitation de saint Paul : « Dépouillez-vous du vieil homme pour revêtir l’homme nouveau. » (Éphésiens 4, 22-23). Si le vêtement a rapport avec notre identité, cette interpellation de l’apôtre nous indique bien qu’il faut quitter ce vieux vêtement, ce vieil être en nous qui n’a pas connu Jésus ou qui en est éloigné, afin de revêtir le Christ ressuscité lui-même.

Nous découvrir pour mieux trouver notre véritable identité, voilà sans doute le chemin que nous sommes appelés à poursuivre dans la foi. Et cette identité, elle est toute simple : nous sommes des êtres appelés par la Lumière à devenir lumière du monde. Le fil qui tisse notre être depuis notre naissance est appelé à être remplacé par le fil de la grâce dont l’Esprit Saint nous revêt. Alors n’hésitons pas à nous laisser détisser!

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* Ce texte est le 45e article de la série “En quête de foi”, publié dans l’édition d’avril 2017 du Messager de Saint-Antoine.

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