Sortir de nos cavernes!

Voici le vingt-quatrième article de la série “En quête de foi”, publié dans l’édition de décembre 2014 du Messager de Saint-AntoineL’objectif de cette série est d’explorer les éléments de la tradition chrétienne dont les traces sont toujours perceptibles dans la culture actuelle.

Un ami me partageait récemment à quel point il se sentait étranger alors qu’il séjournait dans une communauté monastique. Il disait à peu près ceci : « Ici, il y a trop de lumière. Pour un gars qui a passé sa vie dans une caverne où règnent la noirceur et le péché, arriver dans cette lumière est trop éblouissant. Il n’y a qu’une issue, c’est de retourner vers les ténèbres. » J’étais si renversé d’un tel discours ! Je me suis dit que mon ami souffrait terriblement d’un mal trop répandu : la désespérance.

La célèbre allégorie de Platon

Je me suis rappelé de l’allégorie de la caverne du philosophe Platon. Ce dernier proposait à ses disciples d’imaginer des humains vivant depuis toujours dans une caverne. Ils étaient adossés à une structure et maintenus attachés de manière à ce que leurs yeux ne puissent voir que devant eux. Un feu brûlait derrière eux et renvoyait leur propre ombre sur le mur. Des personnages passaient derrière eux avec des objets devant la lumière en faisant en sorte que les humains de la caverne n’en voient que les ombres. Ces êtres enfermés devinrent forcément des spécialistes des ombres! Mais ils ne connaissaient la réalité qu’à travers ses ombres. Et puis l’un deux fut relâché et conduit de force à quitter la caverne. À mesure qu’il était entraîné vers l’extérieur, ses yeux lui faisaient de plus en plus mal. Il voulait retourner dans la caverne, seule réalité qu’il connaissait, mais peu à peu, il commença à s’habituer à la lumière. Il en vint à découvrir toutes les choses de la création sous leur vraie forme, pas comme les ombres qu’il avait toujours connues. Et il s’émerveilla de tout ce qu’il contemplait. Il eut donc envie de retourner vers ses amis pour les convaincre de le rejoindre. Mais ceux-ci, qui n’avaient jamais vu autre chose que des ombres, se moquèrent de lui et en vinrent même à le tuer.

Les personnes dans notre monde qui rayonnent d’espérance sont un peu comme cet être qui a vu. Elles traversent leur vie à transmettre leur feu intérieur, leur passion pour la beauté, pour les êtres vivants, pour la vie elle-même. Mais le plus souvent, elles rencontrent des gens qui se laissent étouffer par le monde des ombres, le seul qu’ils n’aient jamais cru réel, alors qu’il ne constitue qu’une infime part de l’univers.

À Noël, nous relirons cette lecture qui s’apparente à la caverne de Platon : « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi. » (Isaïe 9,1) Les habitants du pays de l’ombre, c’est nous. Nous sommes invités à sortir de nos cavernes, car là, dehors, il y a la lumière, il y a la beauté, il y a la vie promise à toute personne qui espère. Je prie pour que mon ami parvienne à demeurer hors de sa caverne et qu’il en arrive à contempler pleinement la lumière. Je prie aussi pour tous ceux qui n’y arrivent pas. Que la lumière du Christ naissant les remplisse de l’espérance qui nous rend libres.

Comments

Une réponse à “Sortir de nos cavernes!”

  1. Avatar de sandrinelag
    sandrinelag

    C’est très juste. La lumière, le silence, la joie, autant de sources auxquelles s’abreuver…

    J’aime

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