Lorsque le mois de mars arrive, en nos pays nordiques, notre lassitude collective de la grisaille s’amplifie avec les derniers soubresauts d’hiver. Même si les journées commencent à allonger, nous n’en avons jamais assez des quelques heures d’ensoleillement qui nous sont données de temps à autre.
Ce n’est pas pour rien que nous avons instauré une « semaine de relâche », pour les parents autant que pour les écoliers. Cette habitude fait désormais partie de nos traditions. De nombreuses familles prennent leur congé durant cette période afin de profiter d’un voyage dans le sud. Certaines profitent de la générosité des grands-parents qui gardent les enfants. Le but est simple : trouver un peu de lumière et de chaleur afin de quitter, pour un moment, l’hiver qui s’étire toujours trop à notre goût.
C’est aussi en mars que survient le fameux changement d’heure. Nous nous mettons à l’heure avancée, rebaptisée « l’heure d’été » bien avant l’heure ! Nous justifions encore aujourd’hui ce changement pour des motifs liés à la lumière : pour étirer les jours et aussi pour économiser sur l’énergie.
Enfin, en mars toujours, arrive l’équinoxe du printemps. Même si l’hiver nous poursuit de ses derniers élans, le soleil nous offre ses chauds rayons qui permettent à nos cœurs de se réchauffer à leur tour. En démontant leurs abris temporaires, certains voient apparaître leurs voisins qui, comme nous tous, ne sortaient que lorsqu’il le fallait en n’abusant jamais du temps passé à l’extérieur!
La véritable lumière
N’est-il pas inscrit dans notre chair, dans nos rythmes saisonniers et mêmes dans nos rituels sociaux, que nous sommes des êtres faits pour la lumière? N’est-ce pas d’ailleurs à cela que l’Église cherche à répondre par sa liturgie?
Ce temps du Carême peut parfois nous paraître semblable à la grisaille de l’hiver. Il s’inscrit habituellement dans cette même période où tout nous paraît long et durant laquelle nous aspirons à plus de lumière.
C’est dans cette préparation intérieure que nous laisserons surgir le printemps, toujours plus tardif que l’équinoxe, en Boréalie. Nous serons au diapason de la fête que l’Église nous donne à célébrer, la Pâques, qui est un authentique passage des ténèbres de nos tombeaux à la lumière du Christ ressuscité, de la mort à la vie nouvelle.
Ainsi le rythme de nos saisons se présente comme en harmonie avec nos rythmes intérieurs, à moins que ce ne soit le contraire! Ce qui importe, c’est ce besoin semé profondément en nous de tendre vers la lumière.
Un personnage important dont nous célébrons l’anniversaire le 17 mars, saint Patrick, patron et évangélisateur de l’Irlande, a lui-même bien illustré le désir intérieur qui nous pousse vers la lumière. Ainsi écrivait-il:
Nous […] croyons et adorons le soleil véritable, le Christ, qui jamais ne périra, et quiconque fait sa volonté ne périra pas, mais il demeurera éternellement.
Puissions-nous vivre plus sereinement ces moments où l’obscurité et parfois même l’opacité de la fin de l’hiver concordent avec nos propres expériences de vie. Que toujours nous soyons assurés, tout comme le printemps succède à l’hiver, qu’au bout de la nuit viendra l’aube nouvelle.
______________
* Ce texte est le 44e article de la série “En quête de foi”, publié dans l’édition de mars 2017 du Messager de Saint-Antoine.
Comment réagissez-vous ?