Voici le vingt-cinquième article de la série “En quête de foi”, publié dans l’édition de janvier-février 2015 du Messager de Saint-Antoine. L’objectif de cette série est d’explorer les éléments de la tradition chrétienne dont les traces sont toujours perceptibles dans la culture actuelle.
La communication que fait L’Église de ses positions théologiques et morales peut paraître rébarbative et culpabilisante, comme si elle ne parvenait pas à poser un regard positif sur l’être humain. Pourtant, l’Église est porteuse d’une tradition biblique et spirituelle qui reconnaît le caractère prodigieux de la personne humaine.
Dès la Genèse, après chaque jour de la Création, Dieu regarde son œuvre et la déclare « bonne ». Et ce n’est qu’après avoir créé l’homme et la femme que son niveau de satisfaction est le plus élevé. Il se dit à lui-même : « cela est très bon » (Genèse 1, 31). Dans le Psaume 8, l’auteur s’émerveille devant l’immensité de l’univers et s’interroge sur le bon sens de Dieu : « Qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui, le fils d’un homme, que tu en prennes souci ? Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu, le couronnant de gloire et d’honneur » (vv. 5-6). Et l’élan du psalmiste reprend, comme en extase : « C’est toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère. Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis » (Psaume 139, 13).
Alors que son peuple s’écartait de l’Alliance, Jésus a su y déceler la bonté et la reconnaître. Ainsi dit-il d’un savant qui fait preuve d’intelligence face au plus grand des commandements : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu » (Marc 12, 34) ; il reconnaît la capacité de se relever de la femme adultère qu’il sauve d’une mort certaine (cf. Jean 8) ; il fait l’éloge de la leçon de foi qu’il reçoit d’une étrangère (Marc 7, 24-30) ; plus surprenant encore, il prétend n’avoir jamais vu une foi si grande en Israël que celle confessée par un païen qui, plus est, est officier de l’envahisseur romain (Matthieu 8, 5-30) !
Mettre en valeur le bien perçu
Que ce soit face à des pécheurs, des étrangers ou des membres d’une force d’occupation, un œil sage doit savoir, au-devant de tous, mettre en valeur le bien qu’il perçoit. Mais il peut sembler qu’en Église nous soyons moins empressés de nous engager de cette manière. En pointant davantage le péché, la perte des valeurs, la culture de mort, le relativisme qui domine, aurions-nous oublié d’en discerner aussi le bon grain, la charité en acte, les valeurs évangéliques qui s’en dégagent ?
Après un synode où l’on a vu des tensions vives entre partisans d’une approche morale qui tient compte de la croissance et ceux d’une formulation tranchante de la Vérité, nous sommes invités par le pape François à reconnaître les semences du Verbe dans l’humanité même si celle-ci n’agit jamais parfaitement en conformité avec la loi divine.
Et si nous commencions la nouvelle année en reconnaissant ce qui est bon, ce qui est beau et ce qui est juste dans le monde qui nous entoure ? Peut-être alors celui-ci entendrait mieux les invitations de l’Église à la croissance. « Vois comme c’est beau, dit la chanson : les enfants vivent comme les oiseaux ».
Comment réagissez-vous ?