
Cet article est le 21e de la série « En quête de foi » du magazine Le messager de Saint-Antoine, parution de juillet-août 2014. Cette série cherche à mettre en relief la dimension de foi qui est présente dans la culture actuelle.
Beaucoup de personnes autour de nous croient sincèrement que la religion est à la source de plusieurs formes de violence. Dès qu’une nouvelle circule à propos d’un acte terroriste, par exemple, on a tôt fait d’identifier la religion de la personne ou du groupe responsable avec le présupposé qu’il y a cause à effet. Le plus souvent, dans l’actualité récente, ce sont des islamistes qui sont pointés, mais le soupçon antireligieux n’est jamais loin lorsqu’il s’agit de dénoncer des actes associés à la barbarie.
D’où vient la violence?
La Bible raconte que le « premier » acte violent, le meurtre d’Abel par son frère Caïn, avait pour motif la jalousie (cf. Genèse 4). Les offrandes d’Abel, l’éleveur, auraient plu davantage à Yahvé que celles de son frère agriculteur. Si la relation à Dieu fut au cœur de leur dispute, en aucun moment ne pourrait-on imaginer que l’homicide ait été cautionné par le Seigneur! Non, la Bible enseigne plutôt que les humains étaient doués de la conscience du bien et du mal. Et la violence, quelle qu’elle soit, n’a jamais pu être associée au bien, même si parfois, en contexte de légitime défense, elle est qualifiée de moindre mal.
En réalité, dès le début de la Bible, on voit que la violence naît dans le cœur de l’être humain, lorsque ses passions le poussent à des sentiments malsains attisés par le désir de posséder ou de jouir égoïstement d’un bien quelconque. Jésus a refusé d’entrer dans cette logique en renonçant même à se défendre des attaques dont il fut l’objet, jusqu’à sa condamnation à mort et sa crucifixion. « Lui n’a pas commis de péché ; dans sa bouche, on n’a pas trouvé de mensonge. Insulté, il ne rendait pas l’insulte, dans la souffrance, il ne menaçait pas, mais il s’abandonnait à Celui qui juge avec justice. » (1 Pierre 2, 22-23)

Dans les grandes traditions religieuses, l’appel à la paix et à l’amour universel est plus fort que toute justification de violence. Mais il peut nous arriver de vouloir « convaincre » Dieu de notre bon droit et de vouloir en faire l’étendard de nos velléités nourries à même nos penchants mauvais. Or, Dieu, qu’il soit adoré sous tous les noms possibles, ne peut qu’encourager la justice et la paix. Toute justice obtenue par la violence est un détournement de la religion. Il est impossible d’embrigader Dieu aux côtés de ceux qui commettent le mal.
Puisons à la justice
Dès les premières civilisations, les humains ont élaboré une jurisprudence qui tendait à rendre justice en proportion des préjudices. Si nous cherchons dans notre société des éléments persistants de culture religieuse, nous les trouverons dans le souci de nos tribunaux de juger avec discernement et de sanctionner en fonction du mal commis, sachant parfois se montrer magnanimes lorsque les prévenus donnent des signes qu’ils peuvent s’amender et changer. Oui, toute idée de justice qui fait honneur à Dieu ne peut jamais justifier la violence et encore moins la mort de quiconque. La violence n’est donc pas un héritage de la foi chrétienne, mais la justice, certainement!
Pour aller plus loin, voici un court billet de Jean-Claude Guillebaud qui va dans le même sens: « Protégeons Dieu des fanatiques »
Et puis cette exhortation du pape François, lors de l’Angélus du 10 août : « On ne fait pas la guerre au nom de Dieu ».
Comment réagissez-vous ?