Voici le treizième article de la série « En quête de foi » publié dans l’édition de septembre 2013 du Messager de Saint-Antoine. L’objectif de cette série est d’explorer les origines chrétiennes des éléments patrimoniaux dans la culture actuelle.
Un enfant qui naît arrive-t-il comme une page blanche sur laquelle s’écrira sa vie à partir de son premier souffle? Voilà une question à laquelle j’ai tenté une réponse dans un contexte de débat sur la laïcité où l’on reprochait aux parents la perpétuation de leur religion et le fait qu’ils « embrigadent » leurs enfants dans leur sillage.
Héritier d’une lignée
En réalité, il me semble que l’être humain vient chargé d’un bagage beaucoup plus complexe et plus déterminant qu’on peut le croire a priori. D’abord, il est génétiquement programmé pour être semblable à ses géniteurs dans une proportion allant jusqu’à 40 pour cent selon les généticiens. Cela signifie qu’un enfant, même séparé à la naissance, présentera un grand nombre de traits physiques et psychiques s’apparentant à son père et à sa mère. C’est ce qu’on observe chez des personnes adoptées qui se reconnaissent comme « chez elles » lorsqu’elles retrouvent des membres de leur famille biologique.
L’enfant ne vient pas au monde seulement lorsqu’il sort vivant du ventre de sa mère comme l’affirme la jurisprudence canadienne. Bien avant, il est généralement porté comme un projet à accomplir. Si la conception a lieu dans des conditions optimales (désir partagé, fruit de l’amour), les parents projettent déjà leurs valeurs, leurs croyances, religieuses ou non, sur ce qu’il sera. Il arrive toujours dans un contexte particulier, par exemple dans un pays relativement libre comme le nôtre ou sous une dictature; ou encore dans des conditions de vie favorables ou misérables. Le 60 pour cent qui complète sa personnalité sera donc « acquis » de son environnement et de ce qu’il en fera. Bref, notre vie commence avec quelques chapitres « pré-rédigés »!
Par exemple, j’ai été conçu par des parents catholiques qui m’ont chèrement désiré. On a mis en moi des espoirs et les prières abondaient durant la grossesse. Je suis pourtant né malade et en danger de mort. On m’a alors ondoyé. Ma grand-mère m’a « consacré » à la Bonne sainte Anne! Est-ce pour cela que je suis devenu croyant, partageant la même foi que celle de ma famille? Cette histoire qu’on m’a racontée a pris sens, elle m’a « constitué ». Le contexte familial me prédestinait à adopter les mêmes valeurs, les mêmes croyances. Lorsque j’ai « choisi » pour moi-même ce à quoi je voulais croire, après une prise de distance, ma foi chrétienne est restée ancrée et la conviction s’est installée que je pourrais mieux traverser l’existence en demeurant lié à Jésus-Christ. La société s’en porterait-elle mieux si on ne m’avait pas transmis tout ceci? Doit-on le reprocher à mes parents?
L’espérance que procure l’attente d’un enfant est en soi un véritable acte de foi. Car de la foi, il en faut pour procréer. L’annonce qu’une proche est enceinte génère la même confiance en nous que celle des futurs parents. L’enfant apportera de la joie et un sens à la vie pour ceux et celles qui l’entoureront. À vrai dire, oui, la foi est au départ de toute conception! N’est-elle donc pas la première page de notre histoire?
Comment réagissez-vous ?