Le fait que les hommes tirent peu de profit des leçons de l’Histoire est la leçon la plus importante que l’Histoire nous enseigne. Aldous Huxley
Je vois depuis quelques jours l’imminence d’une intervention militaire américaine en Syrie, depuis les attaques chimiques dans des quartiers résidentiels qui ont fait au moins 500 morts et je me dis que nous sommes à l’aube d’un nouveau chapitre de la même sempiternelle histoire répétée ad nauseam. Les Américains et leurs alliés (donc « nous » aussi) vont encore aller « libérer » une nation sous le joug d’un potentat sanguinaire. Et le nombre de morts – déjà plus de 100 000 en deux ans – augmentera en proportion de l’engagement occidental. Et la dévastation qui en résultera ne sera que plus grave que ce qui aura justifié l’intervention. L’Irak, l’Afghanistan, même la Libye ne sont que les exemples parmi d’autres que cette manière de faire n’entraîne en rien la paix, mais ne fait que déstabiliser encore davantage un pays, une région que nous contribuons à laisser dans le chaos le plus total.

Je suis en colère. Je n’aime pas voir tous les jours aux nouvelles ces photos d’enfants tués, par balle, par bombe, par gaz toxique ou par n’importe quoi qui leur tombe dessus alors qu’ils n’y sont pour rien. J’en ai marre de voir que toutes les démarches diplomatiques tournent en rond et n’amènent aucune solution. Je suis découragé par le manque de créativité, d’inventivité pour trouver des solutions positives qui auraient pour effet réel de réduire les tensions, apporter un peu d’espérance. J’en ai ras le bol du manque de détermination des nations à rester focalisées sur le seul objectif possible. Je suis impuissant devant ce spectacle sans cesse ramené sur mes écrans rapprochés, ces images qu’on me donne à voir et qui me donnent le goût, comme tant d’autres, de me tourner vers le divertissement pour oublier, pour nier que cela existe… Peut-être aussi pour ne plus avoir à m’indigner de ce que nos chefs d’État ne sont jamais parvenus à réaliser: la paix, juste la paix, la sacrée sainte paix…
Les appels à faire autrement
Devant les nombreux signes d’une intervention imminente, les voix qui appellent à la paix se mettent à crier plus fort. On les entend à peine, car la condamnation est déjà signée, la sanction déjà prononcée. Je suis pourtant sensible à ces voix qui appellent à changer de méthode et surtout à voir autre chose que ce que la propagande – de quel côté qu’elle vienne – nous donne comme du « prêt-à-penser ». Ces voix sont plus près du terrain que ne le seront jamais le Prix-Nobel-de-la-Paix Obama et ses porte-voix du monde libre. Elles sont aux prises avec la réalité beaucoup plus que tous ceux qui ont choisi plus de violence pour faire taire la violence. Ces voix, elles viennent de journalistes indépendants comme ceux du Réseau Voltaire; de chefs religieux chrétiens qui mesurent déjà les conséquences à moyen terme de l’accroissement des divisions des forces en présence et qui provoque irrémédiablement la haine et la violence à l’encontre des minorités dont les chrétiens; et encore de ces nombreuses organisations qui visent à la fois le respect de la souveraineté des États concernés et la réconciliation par le dialogue. La sagesse monte comme une clameur des gens qui sont sur place ou qui ont une expérience réelle des effets des méthodes guerrières classiques de l’OTAN, de l’ONU ou des USA. Qu’attendons-nous pour les répercuter, pour leur prêter notre propre voix auprès de nos dirigeants?
J’ai mal à l’âme de voir les violences, les meurtres, les attentats, les tireurs embusqués qui ne font que croître en importance. J’ai la nausée à penser que cela va augmenter dans les prochains jours et qu’on nous présentera infailliblement les dommages collatéraux: des familles décimées, des enfants montrés aux caméras par leur père pleurant leur douleur, des cadavres empilés, des quartiers de civils bombardés par erreur. Je voudrais que tout cela cesse immédiatement. Je ne crois plus, toutefois, qu’une intervention militaire fasse partie de la solution. Je n’ai pas la connaissance ni l’expérience pour proposer quelque piste que ce soit, mais je sais, plus que jamais, que la violence n’arrête pas la violence, que les bombardements n’empêchent pas un régime de poursuivre ses exactions, que les conséquences pour la reconstruction des pays dévastés et la relocalisation des populations déplacées sont pratiquement toujours plus graves qu’avant les « libérations » et que, encore une fois, des milliers de morts sont à prévoir si les avions occidentaux lâchent leurs bombes meurtrières sur la Syrie.
À défaut de trouver un pétition canadienne en français contre la complicité du Canada dans les bombardements à venir en Syrie, je propose à tout le moins d’aller signer celle-ci, en anglais, adressée au premier ministre Harper, mais aussi celle-ci qui s’adresse au président Obama aux États-Unis ou celle-là à l’attention du président Hollande en France. Je vais, de ce pas, tenter de trouver ou rédiger moi-même une pétition québécoise et dont je donnerai l’adresse sous peu… (Ajout: tel que promis, voici ma première pétition à vie Contre la participation militaire canadienne en Syrie)
Ah oui ! Je vais aussi prier, car la prière, ultimement, saura me pacifier, mais plus encore, par sa multiplication à l’échelle de la planète, elle saura trouver les coeurs des dirigeants…
Comment réagissez-vous ?