Travailler, c’est trop dur !

Voici le dixième article de ma série “En quête de foi” publié dans l’édition de mars du magazine Le messager de Saint Antoine. L’objectif de cette série est d’explorer les origines chrétiennes des éléments patrimoniaux dans la culture actuelle.

Le mois de mai évoque la saison forte pour le monde agricole et les emplois saisonniers. C’est aussi le 1er mai que les évêques du Québec publient leur message annuel à l’intention des travailleurs.  Quel est le lien entre la foi chrétienne et le travail ? Quel héritage l’Église a-t-elle laissé face au travail humain?

Les conditions de travail au début du siècle dernier – Pulperie de Chicoutimi

Si, dans la Genèse, le travail est surtout lié à la malédiction suite à la chute originelle, la tradition de l’Église a compris peu à peu que travailler, c’est aussi contribuer à réaliser le règne de Dieu, lorsque les conditions du travail favorisent la dignité humaine, notamment l’autonomie et la liberté, des aspects essentiels de la pensée sociale de l’Église.

À l’occasion du 175e anniversaire du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Mgr André Rivest s’est plu à rappeler que c’est au cœur de son diocèse que fut créé le premier syndicat canadien. Il fut fondé par Mgr Eugène Lapointe qui s’était mis au service des travailleurs de la Pulperie de Chicoutimi dont les conditions de travail étaient particulièrement inhumaines. À sa suite, d’autres syndicats se sont formés, souvent inspirés par des militants membres de groupes d’action catholique en milieu ouvrier. Entre la crise de 1929 et la fin des années soixante, les aumôniers de syndicats ont ainsi contribué à l’amélioration des conditions de travail en liant l’engagement des militants à l’appel de l’Église pour la justice sociale.

Gagner sa vie dans la dignité

À l’époque où les premiers syndicats, soutenus par l’Église, se sont mis à réclamer des conditions plus décentes, personne n’aurait pu souscrire à l’adage « le travail, c’est la santé »! Au contraire, un grand nombre de nos ancêtres ont laissé tout ce qu’ils avaient d’énergie afin de gagner la pitance pour leur famille. Si l’Église n’avait pas encouragé les travailleurs à se regrouper, ceux-ci profiteraient-ils des conditions qu’ils ont obtenus depuis? Même les travailleurs non-syndiqués sont beaucoup mieux traités dans notre société qu’en ces époques de servitude. N’est-ce pas de cette manière que l’Évangile « en acte » fait oeuvre de libération?

Les travailleurs syndiqués de Rio-Tinto-Alcan en lockout en 2012

Si le mouvement syndical est sujet au mécontentement de bien des gens dans la société et même souvent de syndiqués, c’est peut-être qu’il s’est un peu éloigné des intentions de ses pionniers. Ceux-ci avaient la conviction, appuyés par leur fréquentation des évangiles, qu’ils rendaient le monde meilleur en réclamant des conditions de travail plus humaines. Le monde du travail est effectivement bien meilleur, mais le contexte de mondialisation rend les acquis vulnérables partout. Que dire alors des travailleurs des pays émergents qui sont devenus les fournisseurs de pratiquement tout ce que nous consommons? Leur sort est directement relié à notre volonté de développer un monde plus équitable, exactement comme le désiraient les fondateurs du syndicalisme.

Un héritage à reconnaître

L’engagement des chrétiens pour la justice en milieu ouvrier a transformé notre monde. Il a permis de dégager du temps pour les loisirs, de réduire les heures de travail et d’augmenter les jours de vacances. Grâce au combat mené par les croyants engagés d’autrefois, nous profitons d’une vie plus saine et du temps que nous pouvons choisir de donner librement.

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