Le gouvernement de Jean Charest n’en finit plus d’accumuler les situations de non-écoute et de non-dialogue pour n’en faire qu’à sa tête (qu’il a probablement perdue quelque part). Plus les jours avancent et plus le sentiment d’indignation monte en moi devant la détérioration du climat social engendré par le raidissement injustifié et de plus en plus intolérable de ce gouvernement.
Dénoncer
Mme la ministre et son Premier ministre exigent que les étudiants « condamnent » les violences qui ont été commises par des manifestants. Ce seul mot est devenu l’objet du litige. Si toutes les associations étudiantes les « dénoncent » comme elles l’ont fait, cela ne suffit pas. Il faut qu’elles utilisent le mot imposé par la Maîtresse sinon elles ne passent pas le test d’admissibilité au dialogue… Faut-il encore se montrer à ce point bornée ou calculatrice, lorsqu’on nage en pleine dérive?
Chaque jour depuis une semaine, les exactions commises vont en augmentant. Chaque jour depuis plusieurs semaines, les interventions policières prennent du muscle et la répression devient de plus en plus la norme. Je ne sais pas où nos services de police ont pris leur formation anti-émeutes, mais il est possible que ce soit du côté de pays prompts à se retourner contre leur peuple! Là-bas, aux jets de pierre, on rétorque par des balles réelles. Ici, aux mains levées et aux slogans scandés, on rétorque par des gaz et des matraques et désormais on exhibe des armes comme sur la photo. Réplique proportionnelle?
S’il faut condamner les exactions et les violences, il faut les dénoncer toutes, y compris celles de nos corps policiers. Je ne comprends pas comment un gouvernement a laissé cette situation s’embourber de cette façon. A-t-il sous-estimé la détermination des étudiants? A-t-il jugé que les appuis ne viendraient pas comme ils surgissent de toute part, jour après jour? Ou a-t-il simplement décidé de jouer avec l’image d’un gouvernement fort qui peut faire plier toute forme de contestation?
Comme tant d’autres, je m’élève une fois encore contre ce que je vois. Je me sens dégoûté par tant de mépris d’un gouvernement et surtout de la part de chacun des élus qui le composent et qui laissent faire. Qui parmi ces députés se lèvera pour dénoncer son propre parti, son gouvernement? Aucun de ceux qui laissent faire ne mérite d’être réélu.
Assez, c’est assez
Si ce gouvernement a perdu la tête, peut-être lui reste-t-il un peu de coeur. Mme la ministre a parlé de courage au début de la crise. Son courage s’est changé en coeur endurci. Il y a un cri du coeur qui est comme une clameur qu’on entend dans la rue, partout au Québec. Nos jeunes ont besoin d’être entendus et reconnus. Une grande part de leur combat est juste et mérite d’être soutenu. Si ce gouvernement n’a pas de coeur, à nous, citoyennes et citoyens de toutes les générations, de lui en greffer un!
Nous voulons un règlement digne à cette crise. Cela relève d’un gouvernement et non pas des tribunaux. Nous sommes un peuple pacifiste et non-violent. Les manifestations de force disproportionnées ne font que provoquer la colère et les débordements. Les dirigeants des trois grandes associations d’étudiants ne peuvent être tenus responsables de ce qui arrive. Ce serait manquer de coeur que de leur imputer cela.
Pour résoudre cette crise, Mme la ministre devra sans doute démissionner. M. le Premier ministre devra s’élever pour une fois à la hauteur du rôle d’un chef d’État. Il y a péril en la demeure. Cette crise a assez duré. Le courage, à ce moment-ci, c’est reconnaître qu’on s’est trompé et qu’il faut s’asseoir avec les étudiants, en tenant compte de tous ceux qui les ont appuyés depuis le début de la crise.
Comment réagissez-vous ?