Coup de théâtre à Québec : trois députés du Parti Québécois démissionnent !
Enfin, le bon sens semble remonter peu à peu à la surface, me dis-je. Je vois en effet depuis plusieurs semaines la croisade du maire Régis Labeaume et je n’arrive pas, même en tant qu’ex-citoyen de Québec et ex-fan des ex-Nordiques, à adhérer au projet actuel de l’amphithéâtre financé presque entièrement par des fonds publics. Quand on estime le coût total sur 25 ans à plus de 750 millions de dollars, il est à se demander où sont nos vraies priorités.
Après l’apparente unanimité véhiculée dans les médias, les positions plus divergentes voire opposées commencent à poindre et c’est enfin le cas pour des élus alors que, jusqu’à présent, très peu d’entre eux avaient osé s’exprimer contre. L’opposition au projet n’est pas très bien vue, les opposants étant souvent attaqués sur leur personne plutôt que sur les idées qu’ils défendent.
Je ne sais pas pour vous, mais nous vivons dans une société québécoise qui a voté contre le parti Conservateur de Stephen Harper à 82% en affirmant notamment que la solidarité sociale et le développement de la culture seront ramenées au bas de toutes les listes des priorités. Une autre majorité de Québécois apprécie très peu le Gouvernement libéral de Jean Charest et beaucoup regrettent le peu d’engagement qu’il démontre envers les groupes de solidarité sociale dans un contexte où la pauvreté et les situations de détresse sont en hausse. Or, le projet d’un nouveau Colisée à Québec est une dépense gigantesque qui ne peut que contribuer à freiner davantage les efforts de justice sociale et ce, à l’encontre de toute une « armée » de citoyens qui s’investissent, au quotidien, pour le relèvement de la dignité des personnes et des familles appauvries.
Si les citoyens de la Ville de Québec veulent à tout prix que leurs élus investissent dans un amphithéâtre en hypothéquant leur avenir, c’est leur affaire. Mais le demi-milliard que coûtera avec les intérêts la mise de fonds du Gouvernement du Québec est l’affaire de tous les Québécois. Comment alors peut-on souscrire à la démarche du maire Labeaume de vouloir imposer dans l’urgence une loi garantissant son entente contestable avec Quebecor par l’Assemblée nationale du Québec ? Il me semble que trop c’est trop.
Le sport professionnel relève du secteur privé
Une société qui élèverait au statut de valeurs absolues le développement économique et la création de la richesse ne se rendrait-elle pas coupable, à moyen terme, d’engendrer encore plus de pauvreté et de problèmes sociaux?
Le Québec s’est distingué par sa différence avec le reste du continent en développant une social-démocratie originale qui a encouragé la création d’une société civile avec la prise de responsabilité des citoyens, des organisations de défense de droits, des services d’entraide divers, etc. Les mesures d’encouragement et l »argent des gouvernements investis dans les groupes communautaires et les entreprises citoyennes ont toujours contribué à amoindrir les injustices et à freiner le développement d’un capitalisme sauvage.
Si cet argent est désormais investi dans des entreprises visant à nourrir une industrie du sport professionnel et les quelques millionnaires qu’elle fabrique année après année, attendons-nous alors à voir les disparités sociales devenir des causes d’incitation à la désobéissance civile. Nous sommes témoins de telles manifestations dans les pays de longue dictature comme au Moyen-Orient où les masses se lèvent pour réclamer la justice. La dictature du profit et de la richesse ne peut que nous entraîner dans une vision où, d’un côté, il y aura ceux qui pourront se payer des billets pour les jeux et, de l’autre, ceux à qui il ne restera que des emplois précaires comme celui de servir aux riches fans leur pain hot dog grassement payé.
Comment réagissez-vous ?