Un Vendredi Solidaire de toute souffrance :
- celle d’enfants qui subissent l’incapacité de leurs parents à donner le meilleur d’eux-mêmes, l’incompétence d’adultes à les accompagner avec tendresse… qui endurcissent leur cœur avant de commencer à vivre par eux-mêmes;
- celle des femmes qui souffrent dans une relation au point de subir le harcèlement, l’abus, les coups, parfois même la mort… qui finissent par s’éteindre complètement;
- celle des hommes qui s’enfoncent dans leur mal au point d’en venir à n’envisager que la mort pour leurs enfants, leur conjointe et eux-mêmes… et qui passent à l’acte fatal;
- celle des jeunes filles privées de liberté par des traditions figées, portant même parfois atteinte à leur intégrité physique… et qui ne font plus qu’obéir servilement;
- celle des personnes mal-aimées, avides de trouver quelque chose qui comblerait leur vie… qui se dépouillent d’elles-mêmes, de dépendances en dépendances;
- celle de femmes déchirées entre leur désir intime et la réalité d’une grossesse non désirée… dont le choix définitif, quel qu’il soit, pourra engendrer de nouvelles souffrances;
- celle des personnes malades qui n’ont plus d’espérance que la vie peut leur offrir encore quelque chose de bon, de bien… et qui réclament d’en finir;
- celle des familles endeuillées par la violence de clans ennemis ayant causé l’enlèvement, la torture ou la mort des leurs… qui n’en finissent plus de les pleurer;
- celle de villages entiers ou de peuplades sacrifiées à l’autel du profit et des décisions immorales d’actionnaires affamés… qui s’effacent sans qu’on entende leur cri;
- celle des peuples harassés par des catastrophes naturelles, parfois à répétition, qui peinent à voir un avenir pour eux sur les cendres de tout ce qu’elles possédaient… et qui attendent encore l’aide promise;
- celle des personnes regrettant leurs gestes passés, le mal qu’elles ont commis, et qui ne reçoivent pas l’accolade amicale qui les réinsèrent dans l’humanité… et qui en arrivent à ne plus croire en rien;
- celle de personnes fragilisées par leur différence qui subissent le mépris, la calomnie, la discrimination, l’écrasement de la part de gens hostiles et malveillants… qui ne savent plus vivre autrement que courbés;
- celle des peuples écrasés par les dictatures érigées sur des systèmes de compromission, de corruption, de fractures sociales… qui malgré tout se rassemblent dès qu’une lueur d’espoir se pointe;
- celle de détenus en raison de leurs convictions, leurs croyances ou leur opposition… et qui rêvent peut-être encore d’un monde meilleur;
- celle-ci, celle-là, la mienne, la vôtre…
Pour les chrétiens du monde entier, la mémoire de la Passion de Jésus n’est rien d’autre qu’une vague sans fin dont l’ondulation a pris naissance sur la Croix. Le Vendredi Saint, c’est la mise en croix de toutes nos souffrances. Par amour pour l’humanité, et l’amour jusqu’au bout, le Christ a initié par cette vague le mouvement perpétuel de la tendresse infinie de Dieu pour les femmes et les hommes de tous les temps.
La souffrance n’aura jamais de sens, à moins qu’elle ne soit un appel à nous mettre ensemble, à nous rendre compatissants et solidaires… La Croix, c’est le don le plus total de l’être le plus humain, l’espérance sans cesse renouvelée d’une vie en abondance, de relations retrouvées, de pardons accordés, de portes qui s’ouvrent sur la lumière d’une éternité possible. Mais ça, c’est surtout l’affaire de l’autre Jour…
Comment réagissez-vous ?