Voici un lien pour suivre tout ce qui se passe en Afrique…
En général, c’est un fait, nous, en Amérique du Nord, nous intéressons moins à l’Afrique. Au Québec, notre lien historique remonte aux nombreux missionnaires catholiques qui s’y rendaient et qui revenaient de temps en temps pour nous sensibiliser (quand nous fréquentions encore la messe) aux situations qu’ils et elles rencontraient. Aujourd’hui, peut-être qu’en raison de notre majorité linguistique, l’immigration en provenance de pays africains francophones nous a quelque peu gardés plus sensibles à la réalité africaine, mais si peu.
Durant les événements de la guerre civile en Côte d’Ivoire, de 2002 à 2004, j’avais été ému par la réalité de ce pays en raison de l’existence d’une communauté de L’Arche (Jean Vanier) à Bouaké dans le centre du pays. Quand les balles fusaient de toute part dans leur quartier, jusqu’à atteindre un foyer de personnes handicapées à deux reprises, les responsables de la communauté ont décidé de migrer vers le sud. Ils sont partis une quarantaine de personnes, sur une distance de plus de 400 km avec un seul véhicule qui faisait incessamment des allers-retours entre une destination plus avant, revenant chercher d’autres marcheurs pour les ramener vers le groupe de front. Pendant plusieurs jours, ce groupe constitué en grande partie de personnes handicapées intellectuelles, certaines aussi physiquement, a marché dans des conditions difficiles pour fuir la guerre et la violence, soutenu par la prière de leurs frères et soeurs de l’Arche internationale. Ils ont trouvé refuge dans une maison prêtée par une communauté religieuse à Bonoua, près de la capitale Abidjan, et une grande partie de ce groupe s’y trouve toujours.
Quand j’entends depuis le début de l’année que les tensions ont recommencé à monter jusqu’aux événements plus récents où les deux camps ont choisi la violence, les combats meurtriers pour convaincre l’ennemi de se retirer, j’ai tout de suite pensé aux amis de cette communauté de L’Arche. cet oasis de paix et de joie qui, encore une fois, comme tous leurs compatriotes, sont pris dans une situation d’angoisse et de peurs.
La colère, la haine, la peur ne conduisent qu’à la violence
La situation est terrible sur place. Après des élections contestées par le clan du candidat Ouattara, appuyé en cela par l’ONU qui avait choisi de s’ingérer formellement dans une élection nationale pour la première fois de son histoire, la tension entre les partisans des deux camps n’a cessé de croître jusqu’à dégénérer en combats qui ressemblent de plus en plus à une véritable guerre civile. Là comme ailleurs, les morts se comptent par centaines… Et les interprétations données aux exactions et aux actes des uns et des autres sont tout sauf unanimes. Il suffit de suivre un fil Twitter avec « Côte d’Ivoire » comme sujet de recherche pour voir apparaître des versions contradictoires à profusion.
Dans un tel conflit, « les membres des deux camps sont susceptibles de commettre des exactions. Plusieurs États, dont les États-Unis et la France, multiplient les mises en garde à l’égard des forces armées en présence. Ils tiennent cependant Laurent Gbagbo pour principal responsable et l’appellent à démissionner. En outre, les massacres dans l’ouest du pays, la semaine dernière, lors de l’avancée des Forces républicaines de Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, ont eu lieu dans des villes où l’Onuci était présente. Celle-ci n’est pas intervenue. » (Source)
Sur le site d’Amnesty International, un chercheur écrit :
« La Côte d’Ivoire fait face à une crise humanitaire majeure. Les parties au conflit doivent immédiatement cesser de prendre pour cible la population civile. La communauté internationale doit prendre immédiatement des mesures afin de protéger la population civile ».
Nous apprenons ce soir que la force de l’ONUCI, appuyée par 1400 soldats français, a choisi de passer résolument à l’action afin de faire cesser les attaques inconsidérées contre la population civile, surtout de la part du camp du président sortant, Laurent Gbagbo. Souhaitons que ce soit la dernière nuit de violences et de combats. Souhaitons que les belligérants trouvent rapidement la voie de la réconciliation nationale.
La campagne électorale canadienne met en veilleuse les situations tragiques qui se déroulent au niveau international. Ce qui se passe là-bas ne devrait pas nous laisser tranquille dans notre salon, avec notre banquier ou notre CH… Il y a des enjeux qui vont bien au-delà de notre petite tranquillité. Comme nous n’avons aucune expérience de tribulations aussi graves où l’on compte des milliers de blessés et de morts par la violence et la haine, nous mesurons peut-être mal l’exigence de la solidarité que nous devrions mettre en priorité, simplement comme membres d’une même humanité. Loin de moi l’idée de nous culpabiliser, mais certainement celle de nous informer et nous interpeller, et nous inviter à poser un geste chaque fois qu’il est possible. Nous ne pouvons pas indéfiniment nous repasser la fameuse cassette : « Nous sommes chanceux, nous, de ne pas être là-bas et de n’avoir pas à subir de telles épreuves et devrions mieux apprécier ce que nous avons. »
Nous ne pouvons pas faire grand chose, mais nous pouvons faire une différence… Voici une sélection de sites web où l’on peut obtenir des informations sur les crises humanitaires et les conflits armés. Il est possible de signer des lettres de pétition, de poser des gestes concrets. Le monde a besoin de notre goutte d’eau, car c’est peut-être la vôtre qui manque pour que le vase déborde et que la solution à une crise finisse par être trouvée.
Comment réagissez-vous ?